Que ferez-vous samedi soir prochain? Vous irez au cinéma? Dans ce cas, vous manquerez le concert au Grand Théâtre. Vous inviterez des amis à souper? Dites alors adieu au cinéma. Choisir, c’est toujours renoncer à autre chose, dans tous les aspects de nos vies.
Le domaine financier n’y échappe pas. Les mille dollars que vous avez en main ne peuvent servir à la fois à cotiser à un REER, à payer une dette et à acheter un téléviseur. Un choix s’impose. Plusieurs s’empressent de payer la dette de leur maison en s’imaginant épargner des intérêts. Est-ce bien le cas? L’argent utilisé pour payer une dette à 5 % d’intérêt ne peut plus servir à cotiser à un REER qui pourrait rapporter 7 %, ou à payer un solde de carte de crédit à 18 %. L’important est de faire « travailler » l’argent le plus efficacement possible – la priorité n’étant pas forcément le prêt hypothécaire. Bien sûr, il faut tenir compte d’autres aspects non financiers (aversion pour les dettes, tranquillité d’esprit, etc.).
Le coût de l’argent est tout aussi important dans le cas des voitures, mais il est trop souvent négligé. Voici un exemple : Pierre veut acheter une voiture de 20 000 $, taxes comprises. Il peut payer comptant ou en 48 versements de 433,90 $. Que faire? Les 48 versements lui exigeront de sortir 20 827 $ (48 x 433,90 $). Ce montant étant supérieur au versement unique de 20 000 $, on en déduit vite que Pierre devrait payer comptant pour économiser 827 $… Erreur! Les 20 000 $ sont payés tout de suite, tandis que les 20 827 $ sont répartis sur 4 ans. En conservant ses 20 000 $, Pierre pourra les utiliser à des fins qui risquent de rapporter plus que 827 $ en 4 ans. En fait, le taux de l’emprunt est de 2 %. Il est probable que Pierre pourra battre ce taux.
Il est erroné de calculer les intérêts économisés sans prendre en compte le manque à gagner lié aux autres options. Cette incohérence atteint son apogée quand on calcule, sur une période de 25 ans, les économies liées au paiement plus rapide du prêt hypothécaire. L’argent économisé dans 25 ans a une toute autre valeur que l’argent utilisé aujourd’hui. On fait la même erreur avec les voitures quand on compare, par exemple, les sorties de fonds associées à un bail de 48 mois suivi d’un emprunt sur 36 mois pour financer l’option d’achat (84 mois au total) à celles d’une deuxième option qui consiste à payer la voiture en 24 mois. La deuxième option demande moins de sorties de fonds, mais elle n’est pas plus économique pour autant car elle exige des paiements plus rapides. L’argent n’est plus disponible pour une autre fin.
Il n’est donc pas forcément ennuyeux de payer des intérêts. L’important est de distinguer les bonnes des mauvaises dettes. Une dette est dite « bonne » si le taux d’intérêt est bas (encore mieux si les intérêts sont déductibles d’impôt). On pense aux prêts hypothécaires, à certains prêts auto, etc. Les mauvaises dettes, à l’inverse, sont assorties d’un taux élevé (soldes de carte de crédit, certains prêts à la consommation, etc.). Il faut absolument se débarrasser des mauvaises dettes, mais acquitter les bonnes seulement si l’argent ne peut servir à de meilleures fins.
Frais financiers et dépréciation
En invoquant le raisonnement ci-dessus, plusieurs sont tentés de dire « J’achète des voitures neuves pour profiter de bas taux (par exemple 1,9 %). Pour une voiture d’occasion, le taux grimpe à 8 ou 9 %. Belle économie! ». Faux! Il faut considérer l’ensemble de la transaction. Le montant des frais financiers est beaucoup moins élevé que celui de la dépréciation d’une voiture neuve. Pour économiser des intérêts, le consommateur doit assumer le coût énorme de la dépréciation. Pas une bonne affaire.
Respectez votre argent
Cessez de penser que l’argent de la banque coûte des intérêts mais que le vôtre est gratuit. Votre argent a plus de valeur parce qu’il est plus rare. Respectez-le et faites le travailler là où il sera le plus productif!